dimanche 26 juillet 2015

Flâneries en Maas


Etape 16 : Maastricht (Pays-Bas) – Arnhem (Pays-Bas)  167 km ; 405 m de dénivelé


Kilométrage depuis le départ : 2 280 km

Météo : Beau temps. Vent modéré favorable. Température : entre 20 et 25° (22° à Nijmegen)

Vous êtes plutôt brique rouge ou brique peinte ?


Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Large soleil aujourd’hui, ça ne se couvrira qu’en fin de journée avec de la pluie à Arnhem…après mon arrivée. 167 km le vent dans le dos, et tout plat en plus, ça vous requinque un cycliste, après la journée d’hier !

Je suis donc parti ce matin pour  descendre le cours de la Meuse. On ne s’est pour ainsi dire pas quitté. Je dormais à Lanaken en Belgique des Flandres, à 5 km de Maastricht, pas loin de la Belgique Wallonne, à deux pas de l’Allemagne et collé à la Hollande, puisque je vous dis que celui qui a tracé les frontières ici avait bu…

Donc il me fallait rejoindre la Meuse pour commencer. Comme je croyais être en Belgique Wallonne, j’ai dit à un autochtone :

« la piste cyclable pour la Meuse, s’il vous plait. »

« ? » qu’il me répond. Il a du croire que j’étais Wallon, et comme il y a bisbille, lui le Flamand s’est énervé. Vous avez tous vu des flamants roses, mais avez-vous vu des Flamands rouge…de colère ?

Je me suis repris, j’ai contre-attaqué en anglais :
« The river, if you please ? »

« Aaah, Maas ! »

« C’est ça ! »

Donc vous savez maintenant et moi aussi que la Meuse en Flandres s’appelle Maas. D’où le nom de Maastricht, pour la signification du « tricht », vous chercherez vous-même, j’en ai marre de vous mâcher le boulot. Ça doit être mon côté prof.

Donc je suis parti plein nord, sur les pistes cyclables innombrables qui longent la Meuse, d’abord rive gauche puis à mi-parcours, rive droite.

Il faut que je vous parle un peu de la Meuse, c’est, comment dire, une rivière volage. Née en France, dès l’adolescence elle a fuguée en Belgique. Devenue adulte, elle lui fait des infidélités pour gagner la Hollande et change de nom pour se refaire une virginité, Meuse devient Maas. A partir de là elle commence à faire des clins d’œil appuyés au Rhin qui coule peinard sur son flanc est, mais ne se donne pas à lui tout de suite. Le genre aguicheuse, et puis « mais non je ne suis pas celle que vous croyez… »
Le Rhin il s’en fiche, il sait que tôt ou tard elle se jettera dans un de ses bras.

La Meuse (Maas)


Il faut que je vous parle des pistes cyclables en Hollande. Ici les gens naissent avec des roues et savent faire du vélo avant de savoir marcher. Remarquez, moi aussi…



Les pistes cyclables sont partout, et c’est ce qui fait que si ce pays n’est pas le plus beau pays du monde car trop plat et donc limité en variété, c’est l’un des plus agréables à vivre. Tout est conçu pour des déplacements urbains et inter-urbains apaisés, un régal. Seul petit bémol : les pistes cyclables sont identifiées par des numéros, rarement par des noms. Alors quand on est cyclotouriste de passage, on a un peu l’impression de jouer au loto. J’ai dû tirer 3 bons numéros sur 6 ou 7, ça ne rapporte rien, à part douze kilomètres de rab. Moi à leur place, et si je peux me permettre en tant qu’hôte de passage, je mettrais le nom du prochain village au début de chaque piste. Enfin je dis ça comme ça. Mais pas de souci, du moment que je garde le vent dans le dos !

Au passage, j'ai croisé plein de groupes de Rugissants locaux.  :-)

en mouvement...
au café, de l'autre côté de la rue



Les 25 derniers kilomètres, entre les villes de Nijmegen et d’Arnhem, j’ai fait le trajet avec une étudiante hollandaise de 21 ans, Mariel, super sympa, qui à 26 km/h sur son vélo hollandais pas vraiment fait pour la pratique…du vélo, m’a emmené jusqu’à mon hôtel. Sportive et sympa, mais elle aussi bien que locale a parfois eu du mal à trouver la bonne piste, comme quoi tout ne vient pas de moi !



Sur le trajet de l’étape j’ai flâné. Quand on rate une piste cyclable, on prend la suivante, ce n’est pas vraiment un problème. On est toujours dégagé des voitures, qui en plus sont prévenantes pour les cyclistes, vu que tout automobiliste hollandais est aussi un cycliste. Il y avait beaucoup de circulation à vélo et de bateaux sur la Meuse. Régulièrement il y a des petits bacs qui font la navette, j’en ai pris un, pour franchir 200 m de rivière, un petit moment exquis.

le bac

petit coin de paradis ?



Sur le chemin, j’ai vu aussi une vache monter sur une autre. Cette dernière s’est retournée et avec son regard de vache si expressif, a fait :
« M’enfin ! Ça va pas non ? »
 Visiblement, c’est le taureau qu’elle espérait.

Comme je suis une sorte de pèlerin sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, sauf que moi je vais quatre fois plus vite que le pèlerin à pied, et puis aussi je vais vers le nord et lui vers le sud, et puis je suis athée, bref ça n’a donc rien à voir mais si je vous raconte ça c’est parce que moi aussi sur le chemin je me pose des questions existentielles sur le sens de la vie. J’ai voulu d’ailleurs en parler à Dieu une fois mais il m’a dit :
« Si tu veux la réponse, va falloir que je te garde. »
J’ai dit « ok, rien ne presse. » et j’ai poursuivi mon chemin, j’ai encore des choses à vivre dans ce bas monde.

Mais pourquoi je vous explique tout ça. Je crois bien que je me suis perdu dans mes flâneries…

Ah j’oubliais : dans l’après-midi, je commençais à avoir un peu faim. J’ai pensé que c’était le moment d’aller voir la pâtissière. Mais j’avais oublié qu’on était dimanche…

Le Rhin à Arnhem

la gare


  
Et demain ? 

Amsterdam ! Mon point cardinal nord de ce voyage. Après je commencerai ma redescente. J’ai calculé que si je continuais à filer au nord 150 km tous les jours, j’allais finir au pôle avant la fin août, il faut savoir être raisonnable.

Tous les itinéraires des parcours dans l'article "les parcours" du mois de juin



2 commentaires:

  1. Pour tricht c'est un gué ou passage d'eau. Maastricht a donc le sens global de « passage, gué sur la Meuse ». Je n'ai rien inventé mais tout copié !

    Est ce que le vent va tourner avec toi ?

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  2. merci Christophe de suivre ! lol.
    Aujourd'hui vent de 3/4 face, j'ai cru périr dans les polders !

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