Etape 16 : Maastricht (Pays-Bas) – Arnhem (Pays-Bas) 167 km ; 405 m de dénivelé
Kilométrage depuis le départ : 2 280 km
Météo : Beau temps. Vent modéré favorable. Température :
entre 20 et 25° (22° à Nijmegen)
Vous êtes plutôt brique rouge ou brique peinte ?
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Large soleil aujourd’hui, ça ne se couvrira qu’en fin de journée avec de la pluie à
Arnhem…après mon arrivée. 167 km le vent dans le dos, et tout plat en plus, ça
vous requinque un cycliste, après la journée d’hier !
Je suis donc parti ce matin pour descendre le cours de la Meuse. On ne s’est
pour ainsi dire pas quitté. Je dormais à Lanaken en Belgique des Flandres, à 5
km de Maastricht, pas loin de la Belgique Wallonne, à deux pas de l’Allemagne et
collé à la Hollande, puisque je vous dis que celui qui a tracé les frontières
ici avait bu…
Donc il me fallait rejoindre la Meuse pour commencer.
Comme je croyais être en Belgique Wallonne, j’ai dit à un autochtone :
« la piste cyclable pour la Meuse, s’il vous
plait. »
« ? » qu’il me répond. Il a du croire
que j’étais Wallon, et comme il y a bisbille, lui le Flamand s’est énervé. Vous avez tous vu des flamants roses, mais avez-vous vu des Flamands rouge…de colère ?
Je me suis repris, j’ai contre-attaqué en anglais :
« The river,
if you please ? »
« Aaah, Maas ! »
« C’est ça ! »
Donc vous savez maintenant et moi aussi que la Meuse
en Flandres s’appelle Maas. D’où le nom de Maastricht, pour la signification du
« tricht », vous chercherez vous-même, j’en ai marre de vous mâcher
le boulot. Ça doit être mon côté prof.
Donc je suis parti plein nord, sur les pistes
cyclables innombrables qui longent la Meuse, d’abord rive gauche puis à
mi-parcours, rive droite.
Il faut que je vous parle un peu de la Meuse, c’est,
comment dire, une rivière volage. Née en France, dès l’adolescence elle a
fuguée en Belgique. Devenue adulte, elle lui fait des infidélités pour gagner
la Hollande et change de nom pour se refaire une virginité, Meuse devient Maas.
A partir de là elle commence à faire des clins d’œil appuyés au Rhin qui coule
peinard sur son flanc est, mais ne se donne pas à lui tout de suite. Le genre
aguicheuse, et puis « mais non je ne suis pas celle que vous croyez… »
Le Rhin il s’en fiche, il sait que tôt ou tard elle
se jettera dans un de ses bras.
La Meuse (Maas)
Il faut que je vous parle des pistes cyclables en Hollande.
Ici les gens naissent avec des roues et savent faire du vélo avant de savoir
marcher. Remarquez, moi aussi…

Les pistes cyclables sont partout, et c’est ce qui
fait que si ce pays n’est pas le plus beau pays du monde car trop plat et donc
limité en variété, c’est l’un des plus agréables à vivre. Tout est conçu pour
des déplacements urbains et inter-urbains apaisés, un régal. Seul petit bémol :
les pistes cyclables sont identifiées par des numéros, rarement par des noms.
Alors quand on est cyclotouriste de passage, on a un peu l’impression de jouer
au loto. J’ai dû tirer 3 bons numéros sur 6 ou 7, ça ne rapporte rien, à part
douze kilomètres de rab. Moi à leur place, et si je peux me permettre en tant
qu’hôte de passage, je mettrais le nom du prochain village au début de chaque
piste. Enfin je dis ça comme ça. Mais pas de souci, du moment que je garde le
vent dans le dos !
Au passage, j'ai croisé plein de groupes de Rugissants locaux. :-)
en mouvement...
au café, de l'autre côté de la rue
Les 25 derniers kilomètres, entre les villes de Nijmegen
et d’Arnhem, j’ai fait le trajet avec une étudiante hollandaise de 21 ans,
Mariel, super sympa, qui à 26 km/h sur son vélo hollandais pas vraiment fait
pour la pratique…du vélo, m’a emmené jusqu’à mon hôtel. Sportive et sympa, mais
elle aussi bien que locale a parfois eu du mal à trouver la bonne piste, comme
quoi tout ne vient pas de moi !
Sur le trajet de l’étape j’ai flâné. Quand on rate
une piste cyclable, on prend la suivante, ce n’est pas vraiment un problème. On
est toujours dégagé des voitures, qui en plus sont prévenantes pour les
cyclistes, vu que tout automobiliste hollandais est aussi un cycliste. Il y
avait beaucoup de circulation à vélo et de bateaux sur la Meuse. Régulièrement
il y a des petits bacs qui font la navette, j’en ai pris un, pour franchir 200
m de rivière, un petit moment exquis.
le bac
petit coin de paradis ?
Sur le chemin, j’ai vu aussi une vache monter sur
une autre. Cette dernière s’est retournée et avec son regard de vache si
expressif, a fait :
« M’enfin ! Ça va pas non ? »
Visiblement,
c’est le taureau qu’elle espérait.
Comme je suis une sorte de pèlerin sur le chemin de
Saint-Jacques de Compostelle, sauf que moi je vais quatre fois plus vite que le
pèlerin à pied, et puis aussi je vais vers le nord et lui vers le sud, et puis
je suis athée, bref ça n’a donc rien à voir mais si je vous raconte ça c’est
parce que moi aussi sur le chemin je me pose des questions existentielles sur
le sens de la vie. J’ai voulu d’ailleurs en parler à Dieu une fois mais il m’a
dit :
« Si tu veux la réponse, va falloir que je te
garde. »
J’ai dit « ok, rien ne presse. » et j’ai
poursuivi mon chemin, j’ai encore des choses à vivre dans ce bas monde.
Mais pourquoi je vous explique tout ça. Je crois
bien que je me suis perdu dans mes flâneries…
Ah j’oubliais : dans l’après-midi, je
commençais à avoir un peu faim. J’ai pensé que c’était le moment d’aller voir
la pâtissière. Mais j’avais oublié qu’on était dimanche…
Et demain ?
Amsterdam ! Mon point cardinal nord de ce voyage. Après je commencerai ma redescente. J’ai calculé que si je
continuais à filer au nord 150 km tous les jours, j’allais finir au pôle avant
la fin août, il faut savoir être raisonnable.
Tous les itinéraires des parcours dans l'article "les parcours" du mois de juin
Pour tricht c'est un gué ou passage d'eau. Maastricht a donc le sens global de « passage, gué sur la Meuse ». Je n'ai rien inventé mais tout copié !
RépondreSupprimerEst ce que le vent va tourner avec toi ?
merci Christophe de suivre ! lol.
RépondreSupprimerAujourd'hui vent de 3/4 face, j'ai cru périr dans les polders !