Cancelled :
no ; Delated : yes ; E.T.A (Estimated Time of Arrival): late as
usual !
Etape 20 : Dunkerque (France) – Dover (GB) - Brighton 147 km ; 1160 m de dénivelé
Kilométrage depuis le départ : 2 832 km
Météo : Beau temps. Vent faible puis modéré défavorable.
Température : 21°
Alors aujourd’hui j’allais chez les « Angliches ».
L’étape démarrait à Douvres (Dover), le reste ça ne comptait pas, et je crois
que c’est ça qui m’a mis dedans…
Je me lève de bonne heure, petit déjeune frugalement,
c'est-à-dire un peu de tout, et puis je me dis : « maintenant on
file vite à l’embarcadère des ferries, on traverse ce channel et puis on
attaque l’étape vers 10 heures."
Pour y arriver une bonne averse (qui finira en orage
mais je serai sur le bateau), ça commençait bien.
D’ailleurs, côte française
moche et sous la pluie, côte anglaise jolie et sous le soleil. Comme quoi…
Dunkerque
Dover
Pour arriver au bateau, il y a 5 kilomètres, dont au
moins 3 bondés de camions à l’arrêt, en attente pour passer en Angleterre. A
vélo je passe la file, y’a que moi à vélo. Je prends mon billet et à 8h45 le
bateau doit partir, nickel, la traversée ça doit être vite fait. Je monte en
premier sur le bateau, je suis le seul vélo… Ajoutez 5 motos, et des dizaines
de voitures et camping-cars, et des centaines de camions !
Quand je laisse mon vélo pour monter sur le pont, la
cale ressemble à ça :
Je me dis super, premier rentré, premier sorti. « Finger
in the nose », tu vas démarrer l’étape vers 10 heures. Le bateau charge
tout le monde, impressionnant le nombre de camions qu’il emporte et moi je me
détends sur le pont.
On quitte le quai à 8h45 précise, un ballet bien
réglé puisque au même moment il y a un autre ferry qui arrive d’Angleterre pour
prendre notre place.
La traversée commence. Je voyais bien qu’on n’avançait
pas. J’ai dit :
« Appelez-moi le capitaine, faudrait mettre un
peu les watts sur le rafiot sinon je vais jamais démarrer mon étape à 10 heures ! »
Mais le capitaine, ce n’est pas lui qui est venu, c’est
son second, ou même troisième, ou… un steward, c’est ça. Et vous savez ce qu’il
me répond :
« You want
something to drink ? »
J’étais "scandalized", je ferai un rapport à la
compagnie. Surtout que ce n’était que le début. Faut reconnaitre que sur le
channel, y’a du monde ! Entre les ferries qui font la route sur l’axe
est-ouest et les cargos et pétroliers sur l’axe nord-sud, plus les pêcheurs et
les plaisanciers, et même un bâtiment de la Royal Navy. Je me dis :
« On va s’en cogner un… ça va coûter
bonbon en assurance ! » En même temps ce n’est pas moi qui conduis et
puisque que le capitaine n’a pas daigné me parler, je m’en lave les mains de
son tas de tôles. Bon, on passe au feu orange entre deux cargos et on arrive à Dover,
en même temps que 2 autres ferries. 1
heure trente de traversée, je ne pensais pas autant et ça ne m’arrangeait pas.
Après faut le temps de le garer le bestiau, et en marche arrière s’il vous
plait.
Et là je redescends à la cale chercher mon vélo. C’était
l’étage des camions ! Little big horse était garé à l’avant. Oui mais on
sort par l’arrière comme je viens de le dire. Comme je suis Français, je me
crois toujours plus malin que tout le monde et je suis peu discipliné. J’ai un
plan :
« C’est pas grave, tu vas remonter la file des
camions et tu vas sortir avant tout le monde ». Je vous rappelle que j’étais
le seul vélo à bord ! Mais les camions ils sont tellement proches les uns
des autres que tu peux à peine passer et encore en étant sur ton vélo et en t’aidant
des mains pour glisser d'un camion à l’autre.
J’arrive quand même à l’avant. Le matelot en charge
du débarquement il a halluciné quand il m’a vu sortir entre deux camions. Mais
là il me dit :
« Not possible. Too dangerous. Trucks first, then cars, and then you ! » Dois-je
traduire ?
J’ai dit : « appelez-moi le capitaine ! »
Et j’ai ajouté
pour impressionner : « you know who I am ? », en espérant qu'il m'ait vu dans le journal...
Et là il m’a dit: “yes, a cyclist.”
Je crois que c'était le capitaine de la cale...
J’ai perdu encore 20 minutes. Mais ce n’était pas
fini. Pour quitter les quais de débarquement, ils font des sortes de virages,
pour mettre plus de monde sur la même surface. Le gars me dit :
« follow
the red line for cyclist. » Ok, je « follow ».
A la douane et au poste de police, ils m’ont vu passer 2 fois. La red line,
elle disparait par endroit, on dirait une indication de piste cyclable hollandaise…
Alors j’ai dit : « Appelez-moi le
capitaine ! » Mais le capitaine il s’en foutait, il était déjà en
train de charger sa camelote pour repartir en France. Je tombe sur un gars un
vélo qui faisait partie du port et très sympa qui me dit :
« Follow
me. » Ok, je « follow… »
Et là je me suis enfin retrouvé dans Dover ! Mais il
était midi ! Et comment je fais moi pour faire une étape entière en une
demi-journée ?
Alors je me dis: tu vas encore finir à point d’heure,
ce qui serait bien c’est de prendre une route un peu plus rapide au début pour
gagner un peu de temps, oui les plus belles choses à voir étaient concentrées
dans la deuxième partie.
Je demande conseil à un indigène pour aller à
Folkestone. Il me dit :
« Which way do you want ? The quicker, the safer or the much safer ? »
Comme j’étais pressé, j’ai dit, va pour le “quicker”.
Et là j’explique :
Le « quicker », c’est un itinéraire que tu
peux prendre à vélo, si tu ne tiens pas à la vie. Je me serais cru revenu sur
certaines routes de la plaine du Pô, farcies de camions et de bagnoles. Ok, je
bifurque dès que possible sur le « safer ». Alors le « safer »,
c’est un itinéraire que tu peux aussi prendre à vélo, mais qui est blindé de
voitures de touristes à cette saison.
Je me dis : « Et si on tentait le much safer ? »
Alors le « much safer » c’est l’itinéraire conçu pour les vélos, mais
pas à la hollandaise. Tu suis la côte, jusqu’à en connaître les moindres
criques, très joli mais bon, faut avancer aussi… Et puis les pistes cyclables
sont parfois plus pistes que cyclables.
Enfin j’avance peu à peu vers l’ouest, résigné à
arriver tard à l’étape comme d’habitude. Joli campagne anglaise, pleine de
moutons.
Faut que je vous parle du mouton. L’autre jour je
vous avais parlé des oies en Hollande. Ici, c’est le mouton. Quand tu regardes la
campagne au loin, tu crois voir des cailloux blancs un peu partout, mais non, c’est
des moutons. Très pratique le mouton : il tond la pelouse gratuitement, tu
peux faire des pulls avec ou des côtelettes selon tes goûts, tu peux même lui
taquiner la mamelle pour piquer du lait. Attention quand même dans le dernier
cas à bien vérifier qu’il s’agit d’une brebis, sinon il y a embrouille !
Sur le chemin, je me fais doubler par un gars en
VTT. Ah j’ai dit : « non, ça va pas se passer comme ça ! » A
cet endroit, la route était plate mais ça ne dure pas, il y a des côtes pour
passer les falaises, et ce sont de vrais murs. J’ai pris sa roue et j’ai attendu
que ça monte. J’étais confiant, j’avais
15 kilos sur le porte-bagages mais lui avait 15 kilos de trop. Malheureusement,
il a tourné dans un chemin au moment où j’allais venger Trafalgar et Waterloo à
la fois. D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi on s’est crêpé le chignon si
souvent dans l’histoire avec les Anglais, ce sont des gens charmants. Pensez à
la guerre de cent ans ! Certes avec des pauses pour boire le thé, mais
quand même, c’est long.
Et là je me suis dit, au fond, pourquoi on vient en
Angleterre ? Ce n’est pas pour le climat, ce n’est pas pour la bouffe,
mais alors pourquoi on vient ? Eh bien je vais vous dire, après une
journée ici : on est bien content d’être là parce qu’il y a des lumières
de folies (merci le soleil après...la pluie), des cottages délicieux et des prairies bien vertes
se jetant dans la mer, des falaises blanches de craies et de plus à chaque
fois que j’ai demandé un renseignement, l’Anglais est affable. En plus d’être
flegmatique et d’avoir de l’humour.
Par contre l’Anglais ne parle qu’anglais. Mais je me
débrouille pas mal. Pour être allé en Amérique, c’est plus facile de comprendre
un Anglais qu’un Américain. L’Américain parle anglais mais la bouche pleine et
en mettant des « fucking » et des « bloody » partout.
Un moment que je m’énervais à la recherche d’une
petite route que je ne trouvais pas, j’ai quitté mon bel accent d’Oxford (ou de
Cambridge, je ne sais plus) et j’ai dit à un autochtone :
« Where the
hell is that bloody fucking little fucking road ? »
Eh bien l’Anglais ne me comprenait plus. Mais
restait flegmatique, c’est l’essentiel.
Sur la route j’ai aussi eut quelques petits temps d’adaptation.
Rouler à gauche bien sûr, mais pas que…
Un moment j’arrive à 20 kilomètres de la ville d’Hastings.
Je me dis, parfait, moins d’une heure et puis tu y es pour le « tea time ».
Et puis je me suis rappelé. Ce n’est pas des kilomètres, mais des miles ! Finalement j’ai laissé tombé le thé, j’ai pris des « fish and
ships.» Le poisson parce que c’est bon pour la mémoire et les frites pour…
Ceci étant, les Anglais, faudrait quand même vous
mettre au système métrique et utiliser les unités du système international !
20 miles, ça fait plus de 33 km. Pas la même chose à
vélo…
Mais il y a quand même une bonne nouvelle. Je
pensais arriver tard à l’hôtel, or j’ai gagné une heure sur l’itinéraire !
Et vous savez comment ? Parce qu’en passant de la France à l’Angleterre, j’ai
changé de fuseau horaire. 19h30 à ma montre, il n’était que 18h30.
J'ai demandé si je pouvais en avoir une autre pour demain mais on m'a dit que non, faudrait aller aux Açores.
Finalement, il faudrait que je change de fuseau
horaire à chaque étape, c’est ça la solution !
Mais les Anglais ont été formels. Cette heure n’est
pas donnée, seulement prêtée. Faudra penser à la rendre en rentrant en France…
Allez, « see you tomorrow…"
Je vous quitte sur quelques belles images d'Angleterre, c'est autre chose que les Flandres.
Le Pier de Brighton
(digue à la mer avec fête foraine intégrée. Très sympa !)
Le joli Pier de Pevensey
Moi avant le drame...
Et demain : on verra...
Rappel
du parcours : tous les parcours dans l’article « Mes parcours »
du mois de juin
Have a good ride, and take care !
RépondreSupprimerThank you, I take it easy... :-)
SupprimerMais où est passé notre chère pâtissière ? Aurait-elle préféré le crocher du Captain !
RépondreSupprimerplus de pâtissière, que des fish and ships...
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