mardi 28 juillet 2015

En train, puis plein d'entrain, puis...dans le pétrin !

Etape 18 : Rotterdam (Pays-Bas) –Vlissingem (Pays-Bas)  138 km ; 150 m de dénivelé


Kilométrage depuis le départ : 2 554 km

Météo : Temps calamiteux. Vent contraire déchaîné.  Température : 17° à Rotterdam

(Etape réduite : transfert train Amsterdam – Rotterdam à cause de la météo)



Il y a quoi au-dessus de dantesque ? Homérique ?

Je ne la sentais pas cette journée. Je l’avais dit hier. Contraint par le vent, j’avais donc décidé d’écourter l’étape et de partir de Rotterdam. De 171 km prévu on passait à 110 en théorie. Mais faut se méfier de la théorie. 

Je savais que ça allait être un défi, alors je suis parti tôt de l’hôtel d’Amstelveld. 10 km de vélo pour gagner la gare d’Amsterdam, histoire de prendre un peu la pluie, rien de grave. Depuis que je suis aux Pays Bas, je parle tout le temps anglais et il pleut sans arrêt. Je me demande si je ne suis pas déjà en Angleterre…

Bref, une fois à la gare, je regarde le panneau des trains. Rotterdam, départ dans 20 minutes, je suis large pour acheter mon billet, et celui de Little big horse. Et puis j’observe toujours le panneau et je vois Vlissingem… Et c’est là que j’ai commis ma première erreur. Fallait bâcher, annuler l’étape et prendre le train jusqu’à l’arrivée. Mais bon déjà, ça me faisait mal de raccourcir l’étape, alors la supprimer, j’ai refusé de me rendre sans combattre. Et puis j'ai une éthique !  :-)

Donc je monte dans le train avec qui vous savez, qui d’ailleurs occupe quatre places et en paie une demi. Arrivé à Rotterdam à 10h, après 1h15 de train, pour faire 70 km, c’est moyen.
A Rotterdam, il ne pleuvait plus, il n’y avait que le vent…




Je quitte Rotterdam par le beau pont emprunté par le tour de France, premier bémol, j’ai dû mettre pied à terre au milieu à cause du vent latéral qui m’embarquait. J’avais compris qu’Eole avait envie de jouer, mais je ne savais pas encore à quel point.



Je quitte donc Rotterdam vers le sud ouest, vent debout et moi assis. 

Mais on ne quitte pas Rotterdam comme ça. Tout autour y’a de l’eau. Entre le Rhin, cette allumeuse de la Meuse qui finalement semble t-il ne se jette pas dans un bras du Rhin mais continue de minauder jusqu’au bout et finit pucelle par jeter ses eaux dans la mer du Nord, sans compter les canaux, tout cela fait des obstacles. 

On peut dire que la Meuse m’en aura fait voir. Une première fois je demande mon chemin. Je l’ai fait au moins vingt fois aujourd’hui. Je passe sous la Meuse dans un tunnel pour vélo. Y’a personne, tu m’étonnes, il ne fait pas un temps à mettre un cycliste dehors. Comme il y a deux tunnels et que les deux sont vides, ça sent le piège. Je presse le bouton à la borne d’entrée pour demander de l’aide. On me dit de prendre celui de gauche. Bon j’obtempère, un tunnel pour moi tout seul, fallait pas…




Je bifurque à l’ouest, et au bout de 10 km environ, je suis du mauvais côté de cette saleté de Meuse. Donc là je prends un petit bateau qui me permet de retraverser la Meuse, par dessus cette fois. Le jeu a continué pour gagner les digues du large, je me suis perdu et j’ai fait donc au total…26 km de rab. Face au vent évidemment. Bilan: près de 2 heures perdues.

Comme j’étais littéralement vissé à la route, j’ai eu le temps de contempler la nature… Et de compter les moutons. Plein de moutons. Et que d’oiseaux ! Surtout des oies. C’est beau une oie. Je les aime bien en rillettes aussi.




Et le vent, que dire : démentiel ? Abrutissant ? Epuisant ? Dingue ? Non, tout à la fois !

Maintenant il faut le comprendre le vent aussi : il arrive de l’océan, il voit cette côte avec une mer marron et où c’est l’hiver, il n’a qu’une hâte c’est de partir voir ailleurs. Et puis le vent je sentais qu’il voulait ma peau. Il m’avait raté de peu dans les polders avant Amsterdam, il s’est dit qu’il allait m’achever dans la route des digues en mer. La lutte fût féroce, un combat de tous les instants, je ne lâche pas l’affaire facilement, mais là j’ai bien cru que j’allais caner. 

J’arrive à la première digue, il est déjà plus de 14 heures, je suis à 70 km de l’arrivée. Je la passe à la vitesse de pointe de 7 à 8 km/h, le vélo penché à 45° pour ne pas tomber, un truc de fou. Pour info, ma moyenne sera inférieure à 15 km/h sur l’ensemble de l’étape, jamais vu ça !

J’ai trois digues à faire, pour passer d’une île à l’autre. Ces digues, fermées par des barrages, c’est ce qui empêche la Hollande, ce plat pays, de couler. Je me suis dit méchamment qu’ils auraient mieux fait de le laisser sombrer ce pays, vu ce qu’il m’en a fait baver. Mais ce serait dommage pour les Hollandais, toujours prêts à aider et très sympathiques.





A contre vent, je continue, c’est l’enfer du nord ! Une des plus dures journées que j’ai jamais vécu de ma vie de cycliste. Un moment le vent a failli l’emporter. C’était à la deuxième digue. Gros coup de blues, l’heure qui tourne, déjà 17h et encore 40 km à faire comme ça. J’ai levé un pouce en l’air devant quelques voitures et camping-cars tout en continuant à avancer à vélo. Une sorte d'auto-stop en loucedé et en mouvement, sans aucun succès.

Là le vent il s’est dit : « c’est bon, je le tiens, il est cuit ! Va craquer… »

Et alors je me suis souvenu que mon « bed and breakfast » était réservé à Vlissingen. 41 € à la clé. Il faut savoir que j’ai 75 % de sang breton et 25 % de sang auvergnat. Et là les deux ont commencé à parler dans ma tête, oui car le sang irrigue aussi le cerveau, très peu chez un cycliste, mais bon quand même un minimum !
Le sang auvergnat a dit, texto : « tu vas quand même pas laisser tomber 41 € ! »
Et le sang breton a fait le reste…
Têtu, crevé, en râlant, j’ai réussi à passer. A presque 21 heures à l’arrivée, jamais vu ça ! Repas du soir: une barre énergétique, j'ai même pas jugé bon de chercher quelque chose de consistant...

Le vent s’en est allé en sifflant dans les branches « je l’aurai un jour ! » ça a bien failli être aujourd’hui.

j'ai failli embrasser le panneau. Enfin, Vlissingen écrit dessus...


Et demain ? Retour temporaire en France à Dunkerque par la Belgique des Flandres.


Rappel du parcours dans l'article "Mes parcours" du mois de juin


4 commentaires:

  1. Tu vas être un champion dans les bordures ! Il faudra équiper Litle big horse d'une paire de roulettes pour pouvoir tirer des bords ;o) La prochaine fois il faudra choisir des pays où il y a des montagnes, tu passeras moins de temps dans un col !
    J'ai regardé la météo pour les jours suivants SOLEIL chez les english.

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    1. salut Christophe,
      j'ai pensé à toi et Laure en train de tirer des bords dans le col du grand colombier ! Je te confirme que j'aime les cols et déteste le vent !
      Cool s'il fait beau au pays des Angliches :-)

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  2. L'Breton Y lâche jamais!
    Maintenant le mistral te semblera une douce caresse...
    Chapeau bas, monsieur Loïc...

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    1. Merci Georges, je n'ose imaginer ce qui se serait passé si j'étais parti comme prévu d'Amsterdam et non de Rotterdam !

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