Etape 11 : Chur – Neuhausen am Rheinfall 185 km ; 920 m de dénivelé
Kilométrage depuis le départ : 1 541 km
Météo : Grand beau. Canicule même si le mot
devient galvaudé. 35° au bord du lac de Constance. Vent absent.
Hier soir, je me disais, qu’est que je pourrais bien
faire demain ?
Tiens, du vélo, super idée ! Cherchons un truc
original. Avec une enveloppe kilométrique de 180 bornes à ma disposition (oui j’ai
vu large), essayons de passer par 4 pays dans la même journée.
Et ainsi fut fait.
Regarder dans les onglets sous la carte, celui du profil altimétrique. Vous allez rigoler avec la côte à partir du km 20 pour rentrer au Liechtenstein, un mur !
Je suis donc parti de Suisse pour passer au
Liechtenstein puis en Autriche puis retour en Suisse puis passage en Allemagne pour
enfin regagner la Suisse. Un truc de fou pour une journée de dingue, absolument
formidable !
Il faut que je vous parle d’un paradoxe. Hier je
quitte une vallée Suisse où ils parlaient italien, je passe dans la vallée
suivante, ils parlent allemand. Moi qui venait à peine de me mettre à l’italien,
avouez qu’il y a de l’abus. D’autant qu’avec l’italien, il y a des racines
communes avec le français, entre latins, on se comprend, alors qu’avec les
germains, même cousins, on ne comprend rien. Enfin passons, et au fait le
paradoxe c’est quoi ? Et bien aujourd’hui je fais quatre pays, et ils
parlent tous la même langue ! Franchement faudrait simplifier. Notez que
demain je quitte la Suisse au moment où je commençais à parler couramment mon
Suisse à moi, un savant mélange de français, d’anglais, de quelques mots d’italien
et de trois mots d’allemand.
Mais revenons à la balade. Comme tous les matins, réveil à 6h30. Le temps de se préparer, d’avaler un petit déjeuner copieux, il ne vaut mieux pas que je détaille, de charger la mule et le départ à 8h précise de Chur (on dit « iure » ou « sioure » ou « chiure ») enfin bref, il était temps que je parte de cette ville au nom imprononçable.
Un démarrage tout doux jusqu’à pénétrer au Liechtenstein, un pays qui avant d’ouvrir ses portes réclame de passer par une côte assez saignante, regardez le profil de l’étape vous comprendrez.
Comme c’était la seule difficulté de la journée, je
ne me suis pas formalisé. Passé les portes me voilà au pays que peu de gens
arrivent à prononcer correctement, encore moins à écrire et en plus personne ne
sait où le situer sur une carte.
sortie Suisse...
... entrée Liechtenstein
Le Liechtenstein c’est une petite cuvette d’environ
30 km du nord au sud, entièrement enserrée dans les Alpes aux sommets hautains
comme les gens d’ici. Mamy roule en Mercédès décapotable, Papy en Porsche, j’ai
croisé trois vélos…
A l’intérieur on trouve une petite ville, tiens donnez-moi le nom de la capitale, non sans regarder la photo qui vient…
A l’intérieur on trouve une petite ville, tiens donnez-moi le nom de la capitale, non sans regarder la photo qui vient…
Le Liechtenstein, c’est une sorte de Monaco des
Alpes, Vaduz une ville sans quartier pauvre ni immigrés, les seuls immigrés
bienvenus ici sont les capitaux, d’où la profusion de banques. Mais c’est joli
quand même.
Bref, passons en Autriche. Alors là dans mon périple
je le reconnais, ça frise l’escroquerie. Pour marquer ce pays à mon palmarès
(point le plus à l’est de mon parcours) j’ai roulé une quarantaine de
kilomètres dedans, de Feldkirch à l’embouchure du Rhin dans le lac de
Constance, près de Bregenz.
Un lac en garde partagée entre Allemands, Autrichiens et Suisses.
le Rhin se jette dans le lac
Un lac en garde partagée entre Allemands, Autrichiens et Suisses.
Je quitte donc les Alpes, qui s’émoussent près du lac de Constance, alors que moi pas encore.
Ce lac (dit aussi Bodensee en allemand) c’est sauf erreur de ma part le plus grand lac d’Europe de l’ouest après le lac Léman. Une vraie mer intérieure, un endroit magnifique.
lac ou mer ?
Je l’ai suivi complètement par sa rive sud, d’est en ouest sur 80 km. Entièrement jalonné de pistes cyclables merveilleusement postées le long du lac, un pur bonheur qu’on fait traîner en longueur. Que c’est beau, jugez plutôt.
piste cyclable en bordure de lac
Ah les belles eaux !
A Konstanz (Constance en français) je suis en Allemagne.
Très jolie ville où le Rhin passe et s’échappe dans un goulet entre grand lac
de Constance et petit lac. Tout aussi somptueux que le précédent d’ailleurs, et
plus sauvage. Il se rétrécie peu à peu.
Konstanz
Sur cette route cyclable, je rencontre dans un
village un couple de cyclotouristes français (pratique pour la langue).
Lourdement chargés (sacoches à l’arrière et à l’avant du vélo) ils font l’aller-retour
Châlons sur Saone – Lac de Constance. Bravo !
Après le lac devient un entonnoir, et son exutoire c’est
évidemment le Rhin dont je suis la vallée. Plaisir assuré, le paysage change
encore, avec des coteaux resserrés garnis de vignoble. Superbe, mais peut-être
que je l’ai déjà dit.
Les Suisses postent certaines de leurs gares à la campagne. Insolite !
Les Suisses postent certaines de leurs gares à la campagne. Insolite !
A dix kilomètres de l’arrivée, petite course improvisée
sur 3 bornes avec des tracteurs anciens en parade.
Sachant qu’eux roulent à la vitesse constante de 25 km/h et que moi ça dépend si ça monte où ça descend, qui a gagné la course ?
Et bien c’est moi, mais de peu, ils étaient en train de me reprendre dans le dernier faux plat. Pour l’aspect mathématique précis du problème, je passe vu qu’hier je vous ai parlé d’Einstein et que j’ai senti que vous étiez un peu juste sur la relativité restreinte…
Sachant qu’eux roulent à la vitesse constante de 25 km/h et que moi ça dépend si ça monte où ça descend, qui a gagné la course ?
Et bien c’est moi, mais de peu, ils étaient en train de me reprendre dans le dernier faux plat. Pour l’aspect mathématique précis du problème, je passe vu qu’hier je vous ai parlé d’Einstein et que j’ai senti que vous étiez un peu juste sur la relativité restreinte…
Ma parole vous avez séché tous les cours à l’école ?
Ou alors qu’est-ce qu’ils fichent à l’Education Nationale ? Du vélo
peut-être…
J’arrive à Neuhausen – Schaffhausen, les deux villes se touchent, mais je crois qu’une est en Allemagne et l’autre en Suisse, c’est tellement compliqué les frontières par ici !
Schaffhausen
Pour avoir le meilleur point de vue sur les chutes du Rhin, je choisi de rester rive gauche. Pas de bol, c’est rive droite le mieux. Il est plus de 19h, oui ça fait un petit paquet d’heures que je suis sur mon vélo. Le temps presse si je veux saisir le soleil couchant sur les chutes. Je fonce au gîte que j’ai réservé, je me douche en vitesse, j’enfile mes tongs et je descends aux chutes, pas loin à pied sur la rive droite.
Et là, instant magique, il est un peu plus de vingt
heures :
Sacrée journée, la plus belle depuis que je roule en solitaire. Franchement les Rugissants, vous auriez dû venir !
Le problème c'est qu'à force de faire du vélo tous les jours, je me sens de plus en plus mutant, comme le prouve cet auto-portrait.
Et demain me direz-vous ? Balade en forêt
noire.
Loic,
RépondreSupprimerIl ne faut pas oublier de fermer les portes quand tu sorts d'un pays ;o) et laisses nous un petit bout de forêt noire !
A+
je n'ai pas pu refermer la porte du Liechtenstein en partant, il n'y en a pas côté autrichien, juste une douane. ;-)
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