mardi 21 juillet 2015

A saute-frontières !


Etape 11 :  Chur – Neuhausen am Rheinfall  185 km ;  920 m de dénivelé


Kilométrage depuis le départ : 1 541 km

Météo : Grand beau. Canicule même si le mot devient galvaudé. 35° au bord du lac de Constance. Vent absent.


Hier soir, je me disais, qu’est que je pourrais bien faire demain ? 

Tiens, du vélo, super idée ! Cherchons un truc original. Avec une enveloppe kilométrique de 180 bornes à ma disposition (oui j’ai vu large), essayons de passer par 4 pays dans la même journée.
Et ainsi fut fait.

Bon je mens, tout était prévu à l’avance. Voici le parcours.

le parcours du jour

Regarder dans les onglets sous la carte, celui du profil altimétrique. Vous allez rigoler avec la côte à partir du km 20 pour rentrer au Liechtenstein, un mur !

Je suis donc parti de Suisse pour passer au Liechtenstein puis en Autriche puis retour en Suisse puis passage en Allemagne pour enfin regagner la Suisse. Un truc de fou pour une journée de dingue, absolument formidable !

Il faut que je vous parle d’un paradoxe. Hier je quitte une vallée Suisse où ils parlaient italien, je passe dans la vallée suivante, ils parlent allemand. Moi qui venait à peine de me mettre à l’italien, avouez qu’il y a de l’abus. D’autant qu’avec l’italien, il y a des racines communes avec le français, entre latins, on se comprend, alors qu’avec les germains, même cousins, on ne comprend rien. Enfin passons, et au fait le paradoxe c’est quoi ? Et bien aujourd’hui je fais quatre pays, et ils parlent tous la même langue ! Franchement faudrait simplifier. Notez que demain je quitte la Suisse au moment où je commençais à parler couramment mon Suisse à moi, un savant mélange de français, d’anglais, de quelques mots d’italien et de trois mots d’allemand.

Mais revenons à la balade. Comme tous les matins, réveil à 6h30. Le temps de se préparer, d’avaler un petit déjeuner copieux, il ne vaut mieux pas que je détaille, de charger la mule et le départ à 8h précise de Chur (on dit « iure » ou « sioure » ou « chiure ») enfin bref, il était temps que je parte de cette ville au nom imprononçable.

Un démarrage tout doux jusqu’à pénétrer au Liechtenstein, un pays qui avant d’ouvrir ses portes réclame de passer par une côte assez saignante, regardez le profil de l’étape vous comprendrez.
Comme c’était la seule difficulté de la journée, je ne me suis pas formalisé. Passé les portes me voilà au pays que peu de gens arrivent à prononcer correctement, encore moins à écrire et en plus personne ne sait où le situer sur une carte.


sortie Suisse...

... entrée Liechtenstein

Le Liechtenstein c’est une petite cuvette d’environ 30 km du nord au sud, entièrement enserrée dans les Alpes aux sommets hautains comme les gens d’ici. Mamy roule en Mercédès décapotable, Papy en Porsche, j’ai croisé trois vélos… 




A l’intérieur on trouve une petite ville, tiens donnez-moi le nom de la capitale, non sans regarder la photo qui vient…




Le Liechtenstein, c’est une sorte de Monaco des Alpes, Vaduz une ville sans quartier pauvre ni immigrés, les seuls immigrés bienvenus ici sont les capitaux, d’où la profusion de banques. Mais c’est joli quand même.

Bref, passons en Autriche. Alors là dans mon périple je le reconnais, ça frise l’escroquerie. Pour marquer ce pays à mon palmarès (point le plus à l’est de mon parcours) j’ai roulé une quarantaine de kilomètres dedans, de Feldkirch à l’embouchure du Rhin dans le lac de Constance, près de Bregenz.


le Rhin se jette dans le lac


Un lac en garde partagée entre Allemands, Autrichiens et Suisses.

Je quitte donc les Alpes, qui s’émoussent près du lac de Constance, alors que moi pas encore. 

Ce lac (dit aussi Bodensee en allemand) c’est sauf erreur de ma part le plus grand lac d’Europe de l’ouest après le lac Léman. Une vraie mer intérieure, un endroit magnifique. 


lac ou mer ?




Je l’ai suivi complètement par sa rive sud, d’est en ouest sur 80 km. Entièrement jalonné de pistes cyclables merveilleusement postées le long du lac, un pur bonheur qu’on fait traîner en longueur. Que c’est beau, jugez plutôt.


piste cyclable en bordure de lac


Ah les belles eaux !


A Konstanz (Constance en français) je suis en Allemagne. Très jolie ville où le Rhin passe et s’échappe dans un goulet entre grand lac de Constance et petit lac. Tout aussi somptueux que le précédent d’ailleurs, et plus sauvage. Il se rétrécie peu à peu.


Konstanz


Sur cette route cyclable, je rencontre dans un village un couple de cyclotouristes français (pratique pour la langue). Lourdement chargés (sacoches à l’arrière et à l’avant du vélo) ils font l’aller-retour Châlons sur Saone – Lac de Constance. Bravo !




Après le lac devient un entonnoir, et son exutoire c’est évidemment le Rhin dont je suis la vallée. Plaisir assuré, le paysage change encore, avec des coteaux resserrés garnis de vignoble. Superbe, mais peut-être que je l’ai déjà dit.



Les Suisses postent certaines de leurs gares à la campagne. Insolite !




A dix kilomètres de l’arrivée, petite course improvisée sur 3 bornes avec des tracteurs anciens en parade. 




Sachant qu’eux roulent à la vitesse constante de 25 km/h et que moi ça dépend si ça monte où ça descend, qui a gagné la course ? 
Et bien c’est moi, mais de peu, ils étaient en train de me reprendre dans le dernier faux plat. Pour l’aspect mathématique précis du problème, je passe vu qu’hier je vous ai parlé d’Einstein et que j’ai senti que vous étiez un peu juste sur la relativité restreinte…
Ma parole vous avez séché tous les cours à l’école ? Ou alors qu’est-ce qu’ils fichent à l’Education Nationale ? Du vélo peut-être…

J’arrive à Neuhausen – Schaffhausen, les deux villes se touchent, mais je crois qu’une est en Allemagne et l’autre en Suisse, c’est tellement compliqué les frontières par ici ! 


Schaffhausen


Pour avoir le meilleur point de vue sur les chutes du Rhin, je choisi de rester rive gauche. Pas de bol, c’est rive droite le mieux. Il est plus de 19h, oui ça fait un petit paquet d’heures que je suis sur mon vélo. Le temps presse si je veux saisir le soleil couchant sur les chutes. Je fonce au gîte que j’ai réservé, je me douche en vitesse, j’enfile mes tongs et je descends aux chutes, pas loin à pied sur la rive droite.
Et là, instant magique, il est un peu plus de vingt heures :




Sacrée journée, la plus belle depuis que je roule en solitaire. Franchement les Rugissants, vous auriez dû venir ! 

Le problème c'est qu'à force de faire du vélo tous les jours, je me sens de plus en plus mutant, comme le prouve cet auto-portrait.



Et demain me direz-vous ? Balade en forêt noire.

2 commentaires:

  1. Loic,
    Il ne faut pas oublier de fermer les portes quand tu sorts d'un pays ;o) et laisses nous un petit bout de forêt noire !
    A+

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    Réponses
    1. je n'ai pas pu refermer la porte du Liechtenstein en partant, il n'y en a pas côté autrichien, juste une douane. ;-)

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