Etape 24 : Roscoff (France) - Pontivy 139 km ; dénivelé : 1 700 m
Kilométrage depuis le départ : 3 366 km
Météo : Pluie forte tout le trajet. Vent modéré
direction variable. Température : 20°
maxi
L’étape du jour sous le signe de la pluie. Du petit
crachin d’accueil à Roscoff, alors que j’avais eu si beau en Angleterre, à la
pluie forte à partir de Morlaix, une compagne pour la journée…
Arrivée à Roscoff
baie de Morlaix
Morlaix
Mais tout avait commencé bien avant. A Plymouth,
vers 22h la veille. En attente avec 6 autres cyclistes du chargement à bord du
Ferry, dont un jeune Anglais qui allait sur Brest le lendemain, habillé plus
explorateur que cycliste et un Danois vivant en Angleterre qui partait faire
deux semaines en Bretagne.
C’est long à charger ce type de bateau. 170 mètres de long,
120 hommes d’équipage, 1500 passagers et une capacité d’accueil de 470
voitures. Et donc 7 vélos. A minuit on était à bord, vélo attaché dans la cale.
Donc je monte les ponts pour gagner le niveau où se
trouve mon siège.
Ok, type avion, dormir assis, va falloir trouver
autre chose. Mais avant je fais un tour du navire pour voir à qui j’ai affaire.
Je contrôle les issues de secours et les canots de sauvetages, je ne trouve pas
ma place réservée dessus. Sans doute qu’en cas de naufrage, ils font un tirage au
sort. Je ne me formalise pas, contrôle mon vis-à-vis et désarme les
toboggans et je m’apprête à aller me coucher, vu qu’il est quand même 1 heure
du matin, heure française.
Mais avant je décide d’aller prendre un peu l’air (frisquet) à la poupe du navire. Pour ceux qui seraient peu au fait du vocabulaire maritime, la proue c’est l’avant et la poupe l’arrière. Pensez à Léonardo Di Caprio qui enlace Kate Winslet dans le film Titanic, ils sont à la proue. Moi j’étais sans Kate Winslet et à la poupe. Et là machinalement je regarde le sillage du navire. Et j’ai tout de suite été intrigué par un détail.
Il manquait d’éclat et de longueur. Pas normal, je me dis, il n’est pas à fond le raffiot ! Ni une ni deux, je rentre à l’intérieur pour qu’il mette un peu les watts, si c’est plus cher niveau mazout, on se cotisera. J’alpague le premier marin qui passe, furax, vu que j’ai une étape à faire à vélo tout à l’heure et que je ne suis pas là pour faire une croisière d’agrément, moi. J’ai failli parler Américain parce que j’étais en colère, mais je suis resté sur l’Anglais :
Mais avant je décide d’aller prendre un peu l’air (frisquet) à la poupe du navire. Pour ceux qui seraient peu au fait du vocabulaire maritime, la proue c’est l’avant et la poupe l’arrière. Pensez à Léonardo Di Caprio qui enlace Kate Winslet dans le film Titanic, ils sont à la proue. Moi j’étais sans Kate Winslet et à la poupe. Et là machinalement je regarde le sillage du navire. Et j’ai tout de suite été intrigué par un détail.
Il manquait d’éclat et de longueur. Pas normal, je me dis, il n’est pas à fond le raffiot ! Ni une ni deux, je rentre à l’intérieur pour qu’il mette un peu les watts, si c’est plus cher niveau mazout, on se cotisera. J’alpague le premier marin qui passe, furax, vu que j’ai une étape à faire à vélo tout à l’heure et que je ne suis pas là pour faire une croisière d’agrément, moi. J’ai failli parler Américain parce que j’étais en colère, mais je suis resté sur l’Anglais :
« Sorry
sir, I wan’t to talk to the Captain immediately ! »
Il me répond:
“Vous parlez français ?” dans un français
impeccable.
J’avais oublié que j’étais sur un bateau français,
vu que les British ont trusté plus des ¾ du trafic transmanche.
Donc autant vous dire que le Capitaine je ne l’ai jamais vu, pas plus que le reste de sa seigneurie maritime, ils sont tous sur la passerelle et te regardent de haut !
Vous allez me dire, ils n’ont pas que ça a faire,
ils ont un bateau à piloter. Excusez-moi mais avec un gros moteur à l’arrière
et des propulseurs d’étrave, ça se gare mieux qu’une Twingo.
Vous allez me dire encore qu’ils ont la responsabilité
de milliers de vies. Excusez-moi encore mais regardez ce capitaine italien de
la compagnie Costa qui a posé son paquebot sur une île en le prenant pour un
hors-bord, et bien Costa croisières continue à faire des bénéfices. Donc ils
ont droit aux pertes, comme à l’armée.
Enfin, dépité, je suis allé parler de tout ça avec le plus haut placé dans la hiérarchie du bord qui ait accepté de me parler, le barman. Je lui dis qu’on aurait pu gagner facile deux heures sur la traversée, et que c’est comme les trains couchette, on se traîne pour que le touriste passe une nuit complète à bord, et rentabiliser les cabines. Et vous savez tout ce qu’il a trouvé à me dire ?
« Vous voulez quelque chose à boire ? »
J’ai quitté le bar à bout d'arguments, et j’ai recherché un salon pour
dormir. J’ai squatté 3 sièges, juste ma longueur, parfait. Enfin presque parce
les sièges sont un peu relevés sur les côtés et séparés de 20 cm, donc j’ai
dormi un peu dispersé, voir éparpillé. Et un peu cassé du dos aussi, je me réveillais toutes les
heures, j’ai dû dormir 3 heures maxi. Ceci étant, il y avait une bonne houle et
le bateau roulait sensiblement, comme une berceuse pour dormir.
On arrive à Roscoff, magnifique petit crachin. J’ai
pensé que ce n’était pas une très bonne publicité pour ma Bretagne natale,
surtout après 4 jours sans une goutte en Grande Bretagne.
Mais le crachin s’est vite lassé, vers Morlaix au
bout de 20 bornes, pour faire place à…une pluie battante toute la journée jusqu’à
Pontivy où je me suis arrêté et la pluie…aussi. Le soleil a tenté une seule
percée dans la journée, vite renvoyé à ses études par le rideau de nuages. C’est embêtant
comme image de retour en France, on comprend que certains s’exilent, et pas que
pour des raisons fiscales.
De plus ce n’est pas le climat habituel de la Bretagne. On vante souvent Embrun, au bout du lac de Serre-Ponçon, comme la ville la plus ensoleillée de France, quelque chose comme 300 jours par an. Mais ici, on fait bien mieux. 500 à 600 jours de soleil par an ne sont pas rares. Et pourquoi ? Parce que le soleil vient plusieurs fois par jour ! La pluie aussi, mais voyez plutôt le verre à moitié plein.
De plus ce n’est pas le climat habituel de la Bretagne. On vante souvent Embrun, au bout du lac de Serre-Ponçon, comme la ville la plus ensoleillée de France, quelque chose comme 300 jours par an. Mais ici, on fait bien mieux. 500 à 600 jours de soleil par an ne sont pas rares. Et pourquoi ? Parce que le soleil vient plusieurs fois par jour ! La pluie aussi, mais voyez plutôt le verre à moitié plein.
A partir de Morlaix, j’ai quitté le pays de l’Armor
(la Bretagne de la mer) pour l’Argoat (la Bretagne des terres). Je presse le
pas en direction de Callac. J’avais juste mangé un scone acheté la veille à
Plymouth, je commençais à avoir faim, je comptais m’arrêter chez la pâtissière.
Mais je ne sais pas qui a fait le parcours, ah si c’est moi, je ne suis passé que
par des petits patelins perdus où tout était fermé. J’ai fait l’étape avec un
scone dans le ventre et une barre énergétique, tout le reste des provisions énergétiques étant dans le sac sous double bache de protection, je n'allais pas m'amuser à tout ressortir. Autant dire que j’avais les crocs
à l’arrivée !
Et c’est bien dommage parce que je comptais acheter
un gâteau breton sur le chemin. Le Knouign aman à Lolo, c’est un peu la
madeleine de Proust. Et c’est meilleur. Il faut que je vous parle du knouign
aman.
Vous connaissez tous le quatre quart. Le knouign
aman, c’est plutôt le deux moitiés. 50% beurre, 50% sucre en gros, on rajoute
juste un peu de pâte à pain pour que ça se tienne lors de la cuisson. Un bon knouign aman, le beurre doit te murmurer à l’oreille et te pétiller à l’œil lorsque tu appuies dessus.
Du sucre, de la graisse, idéal pour fournir l’énergie immédiate et différé pour
le cycliste de passage. Mais attention, le vrai knouign aman, c’est à Douarnenez
qu’on le fait, et ce n’était pas sur ma route. Je le sais parce qu’une fois en
juillet 2010, le 22 je crois, vers 16h10 approximativement, j’étais en train de boucler une étape
de mon tour de la France entre Saint-Brieuc et Douarnenez et je passe par le
joli village de Locronan, à 5 kilomètres dans les terres au-dessus de
Douarnenez. Et là j’ai acheté ce gâteau. Il faut dire que j’en avais un très
bon souvenir, quand j’étais venu la première fois avec des copains en 1987,
mais je n’arrive plus à me rappeler ni le jour, ni l’heure. Bref, quand j’ai
raconté ça à mon père ! Il me l’a dit :
« Le vrai knouign aman, c’est Douarnenez ! »
J’ai répondu que ce n’était pas possible qu’en 5
kilomètres ils aient perdu la recette, mais il n’en a pas démordu, il a des
principes. Ceci dit, il était délicieux et m’a bien aidé à finir l’étape, 5
kilomètres, en descente…
Mais pourquoi je dis ça, je ne sais plus au fond, c’est
comme Proust, je fais des phrases trop longues.
Bref je continue ma route sous la pluie et j’arrive
à Callac. Vu ce qu’il tombait, je n’avais même pas remarqué, du coup j’interroge
un des rares habitants dehors pourquoi je ne vois plus de panneaux indicateur
de Callac. Mais parce que vous y êtes ! Je suis reparti discrètement…
Sur le chemin, je croise des chevaux bretons. Faut
que je vous parle du cheval : il m’inspire moins que la vache, le porc ou
le mouton, parce qu’il ne se mange pas. A la rigueur on en retrouve parfois par
inadvertance dans des plats de lasagnes avariés, mais bon. Le cheval breton, c’est
du lourd. Si vous cherchez un motoculteur pour votre potager, prenez plutôt un
cheval breton, il vous labourera votre parcelle en deux coups de cuillère à
pot.
cousins bretons de Little big horse
Comme il pleuvait et que je n’avais rien à faire à
part rouler et cogiter, je repensais à ma tournée en Angleterre. Je vous ai déjà parlé du
GPS Augustin et du GPS Garmin. Mais il faut que je vous parle du GPS Anglais.
C’était à Weymouth avant-hier. Je devais poursuivre
mon chemin après cette charmante station balnéaire et je m’arrête devant un
habitant du coin pour rechercher un village. Il commence à m’expliquer comment
y aller. J’ai cru qu’il allait me décrire le parcours pour y aller mètre par
mètre ! Tout en anglais évidemment, j’ai décroché assez vite. Mais il
continuait son explication. Au bout de 5 minutes je m’étais endormi sur le
guidon de mon vélo, il me réveille et me dit :
« Understood ? »
Poli, je fais : « Yes ! Straight
through ! »
Et effectivement, c’était tout droit.
Le GPS anglais se perd trop dans les détails…
A la fin de mon parcours, je devais passer par la
côte de Mur de Bretagne et le lac artificiel de Guerlédan, qui est vidé de son
eau pour six mois, ce qui n’est pas arrivé depuis 1975. Même si le poncho avait
encore fait du bon travail sur cette étape, je n’avais pied qu’à partir du
nombril depuis un moment déjà. J’ai donc décidé de couper direct entre les deux
pour filer sur Pontivy (8 km en moins). Je me suis dit la chose suivante :
la côte de Mur de Bretagne passerait parfaitement incognito si elle se situait
dans le Devon en Angleterre, là-bas des murs, y’a que ça !
Et pour le lac, j’ai estimé qu’avec la quantité de flotte qu’il était tombé aujourd’hui, il y avait peu de chance qu’il soit encore vide…
Demain, la Bretagne sud, beau temps annoncé, cela fera du bien.
Sur ce, kenavo !
Quelques images:
Arrivée à Pontivy (rivière: Le Blavet)
vélo spécialisé transport d'oignons
vaches bien garées, en épi. A noter que celle du fond a du mal à finir son créneau.
St Pol de Léon
St Pol de Léon
Et demain ? Nantes ! J'y suis né, c'était il y a 52 ans. Hébergement prévu en hôtel 5 étoiles: chez mes parents.
Rappel du parcours : tous les parcours dans l’article « Mes parcours » du mois de juin
Remerciements :
A Aline Gadin, du Pontivy journal.
Demande :
Quiz: Comment avoir le sens du vent en regardant des chevaux ?
RépondreSupprimerSi tu ne vas pas trop vite tu ne devrais rattraper la pluie ...
Réponse: Ils ont les fesses au vent !
En fait j'espérais la semer la pluie, mais je n'allais pas assez vite...
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